Loi sexisme : pourquoi elle ne sert à rien ? Par Louise

La loi sexisme a quatre ans et n’a abouti qu’à une seule condamnation. Le truc avec cette loi, c’est qu’elle ne s’attaque pas vraiment au problème du sexisme. En fait, c’est juste de l’enfumage politique. Principalement pour trois raisons :

Tout d’abord parce que cette loi est inapplicable et inefficace. Prenons l’exemple de ma pote Sarah. Le matin elle sort de chez elle pour aller au boulot. Sur son chemin, un type l’insulte : « Tu pourrais sourire. Sale pute ». Elle connaît l’existence de la loi et décide d’aller porter plainte. Mais il va lui falloir une preuve. Genre un enregistrement, ou des témoins et puis aussi un moyen de retrouver l’individu. Si jamais elle s’amène comme ça au commissariat, je vous laisse imaginer l’accueil qu’elle va recevoir. Ce n’est pas un hasard, si le seul cas de condamnation qu’il y a eut, c’est quand la victime était une policière. Et puis quand bien même le type est condamné, à une amende ou à une petite peine : qu’est-ce qu’il aura appris au final ? Rien.

Cette loi est taillée pour le harcèlement de rue. C’est complétement assumé. Joëlle Milquet avait fait cette proposition suite à un reportage qui avait suscité l’émotion dans les médias, à l’époque. C’est une étudiante qui se filme en train de marcher dans la rue et on la voit se faire siffler, insulter, harceler. Le truc c’est que le sexisme, ce n’est pas que le harcèlement de rue. C’est partout, tout le temps. C’est profondément encré en nous depuis notre tendre enfance. Les stéréotypes sexistes, il paraît qu’on les intègre dès l’âge de 3 ans. Sarah en réunion, elle se fait interrompre beaucoup plus souvent qu’un homme. Souvent c’est pour reformuler ce qu’elle vient de dire comme si elle ne s’exprimait pas assez clairement. Ou alors c’est carrément pour s’approprier ce qu’elle vient de dire. Autre exemple, tous les jours elle doit quitter le boulot plutôt que ces collègues parce qu’elle doit aller chercher ses enfants à l’école. Son mec, il peut pas. Il bosse tard, on lui a confié un nouveau projet. Comme dans la plupart des familles belges, Sarah consacre 35% de temps en plus au travaille quotidien que son homme. Evidemment ce travail, il est pas payé et il est pas valorisé.

Cette loi a été adoptée suite à ce reportage qui est tourné à Anneessens. Dans ce reportage, on voit clairement que tous les mecs qui la font chier ce sont des arabes. Et comme le lien entre ce reportage et la loi est clairement assumé par le législateur, c’est comme si on disait : « le sexisme c’est que dans certains milieux, ça ne concerne pas l’ensemble de la société, c’est juste quelques individus ». Alors qu’en fait, non. Le sexisme est un problème collectif, structurel. C’est tout ce qui permet de justifier la domination des hommes sur les femmes. Parce qu’encore aujourd’hui la société est encore largement organisé par les hommes. Ils se répartissent les décisions, l’argent et le pouvoir. Ca se voit dans la publicité. Dans le choix de qui parle dans les médias, qui parle au parlement, qui occupe les postes à responsabilité dans les organisations ou dans les entreprises. Et puis même aussi dans les mesures gouvernementales. Les mesures d’austérité par exemple, elles impactent beaucoup plus fortement les femmes. Elles se retrouvent encore plus fragilisé qu’avant.

Mais au final, ma pote Sarah, elle est blanche, hétéro et issue de la classe moyenne. La situation serait bien pire pour elle si elle subit d’autres formes d’oppression. Par exemple, liée à sa classe, à sa couleur de peau, à son orientation sexuelle ou encore à sa religion.

Donc il est grand temps de sortir de l’hypocrisie et de donner de vrais moyens à la lutte contre le sexisme et les autres formes de domination. Ca passe obligatoirement par la sensibilisation, par l’éducation et par la formation. Et puis si déjà, chacun chacune, on interroge nos pratiques au quotidien, au travail, à la maison ou même dans la rue, ça changera déjà énormément de choses.

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