LGBTQI+ en Belgique : entre paradis et enfer. Par Betel

La nuit du 14 au 15 avril, deux hommes se tenant la main se sont faits agressés dans les rues de Bruxelles. Un des deux a posté le récit de leur agression sur Facebook et c’est ainsi que je suis tombée sur l’histoire de la nuit horrible qu’ils ont passée.

Les deux hommes sont d’abord dévisagés et sifflés par un groupe de jeunes. Cinq d’entre eux se mettent à les suivre. Et là, les sifflements laissent la place aux insultes homophobes, puis aux coups de poings.

En Belgique, les gens ont tendance à croire que l’homophobie a disparu car nous avons des lois de protection mais également des lois qui se veulent égalitaires entre les personnes peu importe leur orientation sexuelle. 2003, le mariage pour tous et toutes. 2006, l’adoption pour les familles homoparentales. Et 2015, la présomption de maternité dans les couples de femmes. Bien que la présomption de paternité dans les couples d’homme reste, elle, encore à atteindre…

L’homophobie, qu’est-ce que c’est ? L’homophobie peut se traduire par des comportements de mépris, de rejet, des actes de haine envers les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles. L’agression subie par le couple dont je parlais précédemment entre dans cette définition de l’homophobie, de l’homophobie primaire. On peut également se rappeler d’Ishan Jarfi assassiné en raison de son homosexualité en 2012.

Cependant, l’homophobie a également un autre penchant, moins perceptible et moins visible. Il s’agit d’un courant de pensée, de normes que nous avons tous et toutes assimilés d’une manière ou d’une autre. Il s’agit ici d’une homophobie intégrée dans le système de notre société.

Il existe par exemple le poids d’une norme qui se veut hétérosexuelle que cela soit en terme de relation sexuelle mais également en terme de construction de la famille et du couple. On parlera même ici d’hétérosexisme. Les slogans entendus lors de la manif pour tous, comme « un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants », sont un exemple même de l’hétérosexisme. Cela ne traduit pas une haine directement envers les personnes homosexuelles mais plutôt une vision hétérosexiste de la famille et de l’institution du mariage. Evidemment, cela n’en reste pas moins de l’homophobie.

Tout cela pour dire que malgré que la Belgique semble être un pays précurseur en la matière des droits envers les minorités sexuelles, sur le terrain les choses semblent être différentes. Les associations LGBTQI+ continuent d’accueillir des jeunes qui ont été jeté de chez eux par leur parents en raison de leur orientation sexuelle. Il existe des personnes ayant vécu des trauma suite à leur coming out ou encore d’autres qui ont été violentées en raison de leur préférences sexuelle ou affective. Nous savons que l’orientation sexuelle peut être une source de discrimination que cela soit dans le monde du travail, dans la recherche d’un logement, ou encore dans les soins de santé.

Nous avons des lois, certes, mais nous avons aussi grandement besoin d’éducation. L’éducation de nos jeunes dès le plus jeune âge doit leur apprendre que l’orientation affective et sexuelle est quelque chose d’unique et de propre à chacun. Il n’existe pas une orientation sexuelle qui se vaut plus qu’une autre. Des groupes d’interventions scolaires existent en Wallonie et débutent à Bruxelles pour aller près de jeunes et discuter avec eux de ce qu’est l’homosexualité ou la bisexualité. C’est en déconstruisant la société et la norme hétérosexuelle et patriarcale que nous arriverons, non pas à gommer nos différences, mais à adapter la société aux différences de chacun et chacune.

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