Economie et énergie : 5 mesures à prendre maintenant. Par Jérôme et Nabil

Comment rester en dessous des 1,5° de réchauffement climatique, limite prescrite par les scientifiques du GIEC ? Jérôme et Nabil vont vous donner un objectif à viser, des moyens pour y arriver et un outil pour l’évaluer.

Vous entendez ? C’est le bruit de l’inaction face au réchauffement climatique. Si on continue à ne rien faire, on va dépasser les 1,5° de réchauffement. Et là, la planète sera complètement foutue et nous avec. Nous on est jeune, et on a pas du tout envie que le monde parte complètement en vrille.

On va commencer par vous vous donner un outil qui permet de visualiser l’urgence climatique. C’est le budget carbone. Le budget carbone, c’est ce sablier qui contient la quantité de C02 qu’on peut encore consommer avant d’atteindre les 1,5°. Le principe, c’est qu’on peut tout cramer en un an ou on peut être parcimonieux et ne jamais tout utiliser. En fait, c’est un indicateur qui nous permet d’évaluer si les mesures prises sont efficaces ou non. Concrètement si on continue aujourd’hui à émettre le même niveau de gaz à effet de serre, on va atteindre les 1,5° de réchauffement, pas dans un siècle, pas dans 50 ans, mais en 2030. Et 2030, c’est demain.

Par conséquent, le seul objectif viable et pertinent pour rester en dessous des 1,5°C, c’est diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ben ouais, c’est logique en fait. Apparemment, pas pour tout le monde. Quel est le domaine qui, actuellement, émet actuellement 80% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde ? Et bien, c’est le paquet d’énergie qui est produit par les combustibles fossiles : pétrole, gaz, charbon. Et vous n’imaginez pas à quel point ces énergies sont présentes dans les moindres recoins de votre vie et dans tous les domaines de production.

Mesure 1 : garder 80% des énergies fossiles disponibles dans le sol. Du coup, la première mesure à prendre, c’est celle que nous prescrivent les scientifiques du GIEC : ne pas extraire 80% des réserves qu’il nous reste encore d’énergies fossiles dans le monde. Et du coup, ça a plusieurs conséquences. Mesure 2 : investissement massif dans les énergies renouvelables. Il faut massivement passer aux énergies renouvelables. Pour le moment, ce n’est que 10% de l’énergie produite dans le monde. Donc il faut investir dans la recherche et le développement pour en installer plus et qu’elles soient plus efficaces.

Alors, j’en vois déjà certains déjà dire : ha ben tranquille, on va mettre des panneaux solaires et des éoliennes partout dans le Sahara, et ça va aller. Ouais, bien essayé, mais ça marche pas comme ça malheureusement. D’abord, on n’a pas assez de temps. Et ensuite, si on devait remplacer la quantité d’énergie produite sur base des combustibles fossiles par du renouvelable, et bien on cramerait l’ensemble de notre budget carbone. Imaginez si on doit installer des éoliennes par centaines de milliers pour remplacer toutes les mines de charbon, et bien, il faut amener les matériaux, construire ces éoliennes et puis les entretenir et ça, ça crame notre budget carbone.

Mesure 3 : répondre à nos besoins en fonction des limites. Au-delà de ça, en fait, le problème des émissions de gaz à effet de serre c’est aussi le problème de notre système économique. Notre système économique, pour survivre, il a besoin de produire plus, de vendre plus, et de créer des désirs chez nous pour qu’on consomme plus. C’est le principe de la croissance. Chaque année, le PIB doit être supérieur à l’année précédente. Et évidemment qu’il y a un lien entre l’augmentation du PIB et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Il faut qu’on comprenne et que notre système économique intègre le fait que notre monde est fini, et que les énergies renouvelables ne sont pas des énergies infinies. Et donc la croissance infinie et illimitée, et bien c’est terminé.

Aujourd’hui, ce sont encore trop souvent les industriels qui créent des besoins et qui décident de ces besoins. On devra passer à un monde, rapidement, où on satisfait des besoins réels, mais en plus qu’on tienne compte des ressources limitées. Et toutes ces décisions doivent se faire de manière démocratique.

Mesure 4 : supprimer les marchés nuisibles et inutiles. Et puisqu’il faut baisser la production, j’en entend dire, ben voilà, ça y est, c’est le retour à la préhistoire. En fait, pas du tout ! Au contraire, on peut supprimer toute une série de marchés sans diminuer notre confort, et même en l’augmentant. Du coup, il faut supprimer les marchés qui sont nuisibles et inutiles. Comme par exemple, la majeure partie de l’industrie de l’armement, coûteuse en vies humaines et en impact carbone. Ou alors l’obsolescence programmée, qui ne sert qu’à la croissance dont on avait parlé tout à l’heure. Qui ne préfère pas avoir une machine à laver qui dure 30 ans au lieu de 4 ? C’est pareil pour les ordinateurs ou les smartphones. Et on a totalement la technologie pour le faire.

Il y a également le domaine de l’alimentation où il y a un gaspillage gigantesque. Actuellement dans nos villes, on gaspille 50% des denrées alimentaires. Et en général, en moyenne, c’est 30% de denrées gaspillées.

Et enfin, il est hors de question que les plus fragiles, ou les plus pauvres, d’ici ou ailleurs, paient la facture pendant que ceux qui polluent depuis plus d’un siècle continue à produire de manière totalement irresponsable. La justice sociale et la justice climatique, c’est le même combat. Et d’ailleurs, ils vont vous en parler, de comment ça s’illustre dans les domaines de la mobilité, l’agriculture, de l’écoféminisme…  Et de l’emploi. Où la réduction du temps de travail jouera un rôle central et majeur, pour assurer une transition apaisée et heureuse. Mettre tout ça en place n’est absolument pas insurmontable. Et de toute façon, on n’a pas le choix. C’est le socle minimum sur lequel se reposer pour pouvoir y arriver. En attendant, le climat se réchauffe et notre budget carbone se consomme.

L’humanité a déjà fait face à de tels défis et a dû reconstruire des tas de choses en très peu de temps. Citoyens, industries, monde politique. Que ce soit au niveau local, national ou supranational. Tout le monde a sa part à faire. Quand chaque dixième de degrés compte, l’important, c’est de s’y mettre maintenant.

Laisser un commentaire